FEVRIER 2021
ARTICLE DE PRESSE
Magazine : Vertes Colines
"J’ai grandi dans une famille très créative, à sa propre manière. Je n’ai pas reçu d’éducation artistique ou culturelle mais d’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours vu mes parents déployer des trésors d’ingéniosité pour résoudre les petits problèmes du quotidien ou occuper leur temps libre et le mien.
Mon père, MacGyver à moustache, était capable de fabriquer un appareil à fondue à partir d’une vieille résistance de cuisine et d’une boîte à biscuits en fer blanc. Ma mère, la bonne fée, dessinait des personnages d’animations pour que nous puissions les colorier. Elle avait composé une immense boîte contenant toutes sortes de fourniture pour nos loisirs créatifs : papeterie, peinture, crayon, tissus, etc. Aujourd’hui je me rends compte que la boîte n’était jamais vide.
A défaut de pouvoir partir en vacances, ma mère m’inscrivait à des activités extrascolaires : rotin, peinture sur soie, photographie, broderie, théâtre, danse, taro, chant et tant d’autre. Bien que d’origine modeste, ou peut-être grâce à cela, mes parents ont toujours eu à cœur que je puisse laisser libre cours à mon imagination et à ma créativité : je pouvais passer des jours enfermés dans ma chambre à rêver, à danser, à modifier la décoration et la disposition des meubles sans cesse. Je me rappelle d’heures démesurées à inventer et concevoir mes costumes pour mes représentations de danse, et des instruments de musique créés avec des sceaux et toiles tendues.
Ainsi, de manière naturelle, sans en avoir conscience, alors que nous ne nous rendions presque jamais dans les musées ou les théâtres, mes parents m’ont pourtant transmis le plus beau de tous les dons : l’envie de créer, de rêver, d’imaginer, de tout faire de mes dix doigts. De faire beaucoup avec peu. Je crois que mon univers est riche de cet héritage : artisanal, manuel, touche-à-tout, mais aussi onirique, sensible et romantique.
J’essaie de croquer en toute chose et en tout être la beauté révélée ou cachée, car je trouve le monde fondamentalement beau et merveilleux. Et ce n’est pas évident aujourd’hui de le dire sans paraître candide ou niais. Alors, quoi de mieux que de l’exprimer par l’art ? J’adore dessiner ou photographier les gens qui m’entourent et que j’imaginent. Ayant grandi à la campagne, je suis aussi particulièrement sensible à la Nature, à sa force fragile et à sa brutale délicatesse, qui apaise l’âme et l’esprit. Je crois d’ailleurs que c’est ma préférence : dessiner la flore qui me manque tant à Paris.
Mes créations se veulent donc à cet image, douces et puissantes, belles et imparfaites, mais toujours animée par l’Amour et cette idée que les rêveurs feront le monde de demain. Ce n’est d’ailleurs pas une idée, c’est une certitude, une philosophie.
Claustrophobe, j’ai besoin de ne pas m’enfermer dans une case, au sens propre comme au sens figuré. Je ne pense pas qu’il faille se spécialiser pour exceller dans son domaine. C’est un peu comme lorsque je choisis mon dessert au restaurant, mon cœur balance toujours pour le café gourmand. Pourquoi se contenter d’une seule saveur, quand on peut en goûter plusieurs ?
A la croisée du dessin, de l’affichage et de l’édition, ce Rêve est une invitation à se réenchanter, à écouter la musique que chacun porte en soi et à parler ce langage de l’invisible qu’est la poésie. J’ai créé ce tableau devant Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, contemplant mon amour les larmes aux yeux devant la scène finale, pour la énième fois."